Malgré un dernier épisode décevant sur consoles de salon, Virtua Tennis 4 a été choisi pour accompagner la PS Vita à son lancement en Europe. Et ce n'est pas un hasard puisque de par son profil résolument arcade et hyper accessible, le jeu de Sega se prête parfaitement à de nouvelles expériences de gameplay, tactiles notamment. Reste à savoir si celles-ci sont réellement exploitées...
Avant de parler du contenu directement porté des consoles de salon, attardons-nous sur les spécificités de cette version Vita. Celles-ci sont réunies dans un menu dédié et baptisé Applications VT et ont de toute évidence été développées en vitesse et en catastrophe afin de justifier l'achat de ce titre. Première d'entre elles : le match RV, une sorte de mode Exhibition qui permet de jouer en vue à la première personne, derrière les yeux du tennisman. Si l'idée est originale et pas mal réalisée (la gyroscopie permet notamment de regarder partout sur le court), le principe souffre d'une durée de vie qui n'excède pas quelques minutes, la faute à un gameplay rendu délicat par une telle maniabilité. Surtout, on ne distingue que rarement la raquette, le joueur n'a donc aucun moyen d'ajuster son timing et doit attendre de voir la balle franchir le filet pour savoir s'il a réussi son coup ou non... Pourtant, les déplacements sont relativement fluides et la caméra parvient tant bien que mal à ne pas trop s'égarer, d'autant qu'elle peut être réinitialisée en appuyant sur L. Cette fonctionnalité est une attraction mais de toute évidence pas un point fort en soi.
Le gameplay tactile n'apporte absolument rien de nouveau.
Autre ovni accouché par cette version Vita, le mode deux joueurs... sur une seule console ! Nécessitant de poser la machine à plat, celui-ci permet à deux courageux de jouer en vue de dessus, chacun dirigeant son tennisman depuis l'une ou l'autre extrémité de la console, le tout étant entièrement tactile. Joueurs microscopiques, imprécision des commandes, automatisation de la plupart des coups, ce mode cumule les défauts. Cela dit, si on le prend pour ce qu'il est, à savoir un bonus un peu décalé, il peut être amusant le temps d'une courte partie, jusqu'à ce que les deux utilisateurs en aient assez de ne pouvoir sortir une amortie lorsqu'ils le souhaitent ou de ne pouvoir lober un joueur qui s'installe confortablement au filet. Autre originalité de cette version, le mode Photo dont le but est d'immortaliser la pause de l'un des joueurs du casting (Federer, Nadal & Co) dans votre environnement, grâce à la réalité augmentée. Vous pouvez donc capturer une star raquette en mains dans votre salon et pourquoi pas prendre la pose avec elle en bénéficiant d'une interface pas mal pensée qui permet de conserver une certaine cohérence en termes de gabarit. Enfin, Virtua Tennis 4 compte un mini-jeu exclusif (en plus des 10 autres) qui met une nouvelle fois en avant la gyroscopie. Dans ce cas précis, la fonction permet de faire tanguer un bateau naviguant sur le court et sur lequel des cibles doivent être atteintes grâce à vos coups de raquette. Futile.
Les mini-jeux sont assez inspirés !
Quid du gameplay en match classique et en mode Carrière ? Eh bien il vous incombera de choisir entre des commandes classiques et une configuration tactile, les deux étant disponibles à tout moment, quel que soit le mode. La première est sans surprise et calquée sur ce que nous proposaient les versions consoles de salon. La seconde permet simplement de jouer les coups en les dessinant sur l'écran de la Vita. Si la reconnaissance est des plus correctes, l'intérêt n'est pas évident. On ne gagne ni en précision ni en variété de coups à opter pour les commandes tactiles, au contraire. Préparer une amortie est plus long, un lob de même (lorsqu'ils daignent bien sortir) et instinctivement, on se surprend tôt ou tard à réutiliser les touches de base, plus confortables et largement aussi efficaces. Dans tous les cas, le tactile ne change absolument rien à la mentalité du titre, toujours aussi arcade et relativement décevant en termes de plaisir de jeu. Trop stéréotypé, trop simplifié, il n'est au final performant que sur le service qui nécessite un excellent timing pour servir fort et avec précision sans faire de faute.
L'un des modes exclusifs à cette version : faites tanguer le bateau à l'aide de la gyroscopie.
Le casting de Virtua Tennis 4 est encore plus pauvre que celui de Top Spin 4. Onze pros masculins (Federer, Djokovic, Murray, Nadal, Roddick, Del Potro, Monfils, Gonzalez, Haas, Kohlschreiber et Seppi), sept pros féminines (Wozniacki, Sharapova, Kuznetsova, Venus Williams, Robson, Chakvetadze et Ivanovic) et quelques légendes (Becker, Courrier, Rafter, Edberg...) composent une liste bien maigrichonne mais pas moins fournie que les précédents volets. Dans le cas d'un titre aussi orienté arcade, la pilule passe finalement sans trop de difficulté. Mais la critique se porte davantage sur leur style de jeu que sur le nombre de joueurs disponibles. En effet, ne comptez pas retrouver des gestes caractéristiques de ces copies qui, sans être de simples skins, ne rendent pas franchement hommage aux vrais Federer, Nadal, Ivanovic et compagnie. La façon dont vous jouerez, avec ou contre eux, ne devrait pas varier d'un iota. Un constat problématique qui pose la question de l'utilité des matches exhibition. A vrai dire, en solo, leur intérêt est quasi nul et ce ne sont pas les parodies de tournois du Grand Chelem (appelés ici "grands championnats") qui y changeront grand-chose.
Jouer à deux sur une seule Vita, c'est possible ! Et ce n'est pas une franche réussite.
Heureusement, Virtua Tennis 4 possède un mode carrière original sur lequel tous les efforts ont été concentrés. S'il n'est pas inventif en soi, son architecture sort réellement de l'ordinaire. Si la traditionnelle étape de création d'avatar (un peu limitée d'ailleurs, même en utilisant la fonction photo de la PS Vita) n'a rien de marquant, son interface, façon plateau de jeux de société, est à la fois amusante et à l'origine de la richesse du mode en question. En effet, le calendrier est symbolisé par des cases sur lesquelles il faut déplacer notre pion, du début de la saison jusqu'au "grand tournoi" faisant office de tournoi du Grand Chelem (oui, un par saison bizarrement...). Certaines cases permettent de gonfler les attributs du joueurs via les mini-jeux, d'autres de le reposer pour soigner sa condition physique ou encore de jouer des matches exhibition en simple ou en double. Mais les plus intéressantes sont celles qui donnent accès à des tickets de déplacement. Ceux-ci permettent de déplacer son pion de une, deux, trois ou quatre cases et de tomber ainsi sur l'événement souhaité. Mais attention, l'architecture du plateau réserve quelques mauvaises surprises comme des cases blessures. Ou parfois, votre position ne vous laissera pas vraiment le choix de la case sur laquelle vous rendre. Un concept vraiment bien fichu qui rend la gestion du planning du joueur passionnante et autrement plus stratégique que jadis. D'autant qu'une contrainte de taille existe : votre stock de tickets est renouvelé à chaque tour... Bonjour les maux de tête !
Vous pouvez tenter de vous modéliser grâce à l'appareil photo Vita.
Dans son ensemble, ce mode Tour Mondial est plutôt bien fichu mais n'est pas un remède à la pauvreté du gameplay. Le niveau de l'IA, vraiment pitoyable, n'aide pas. En effet, il n'existe aucun challenge, même en corsant la difficulté, durant les tournois. Tournois qui se limitent en plus à des matches de un ou deux jeux expédiés en quelques secondes grâce au fameux service-volée. La seule façon d'échouer est d'oublier de reposer son poulain et que celui-ci ait un pépin physique. Le cas échéant, il se déplacera comme une tortue sur le court et sera incapable de remporter le moindre jeu. Pour le coup, la gestion de la forme physique nous a convaincus ! Bref, comptez environ six heures de jeu pour voir le bout des quatre saisons, chacune menant à un tournoi majeur. L'objectif est évidemment de grimper dans la hiérarchie mondiale, ce qui n'est pas chose aisée sur un laps de temps aussi court. En effet, votre place dans le classement est conditionnée aux étoiles amassées ça et là, que ce soit en gagnant des matches, en séduisant toujours plus de fans ou en obtenant des récompenses en fin de saison. Pour exemple, il nous manquait encore une quinzaine de marches à gravir avant de détrôner Rafael Nadal du leadership.
Les visuels qui accompagnent ce test sont fournis par l'éditeur.
LES NOTES
Graphismes
15/20
On est assez nettement au-dessus de la réalisation PS3. Le jeu est plus détaillé et plus fin, donc plus agréable à regarder. Les visages sont plutôt crédibles mais les animations manquent vraiment de naturel.
Jouabilité
11/20
Comme sur consoles de salon, le gameplay manque de variété et constitue le principal obstacle à la longévité du titre. Echanges stéréotypés, styles de jeu à peine mis en avant, jeu au filet trop facile... Et le tactile n'y change absolument rien. Les quelques modes développés spécifiquement pour cette version ne nous ont pas davantage convaincus car très simplistes et somme toute bâclés.
Durée de vie
14/20
Le mode Tour Mondial se termine une première fois en 6 heures mais y revenir est envisageable si l'objectif de devenir numéro 1 n'a pas été atteint. Les autres modes n'apportent pas grand-chose, si ce n'est le mode Détente et les fameux mini-jeux. Les modes dédiés à la PS Vita vous occuperont quelques minutes avant que vous n'alliez rencontrer d'autres joueurs en ligne.
Bande son
11/20
Les doublages sont toujours aussi mauvais et les musiques dispensables. Mais elles ont au moins le mérite de ne pas pourrir les rencontres.
Note Générale
13/20
Sans surprise, ce portage de Virtua Tennis 4 possède les mêmes qualités (accessibilité, mini-jeux sympas, mode Carrière) et les mêmes défauts (simpliste, répétitif, dépassé) que le titre dont il s'inspire. Les différents modes développées spécifiquement pour la PS Vita ne dépassent pas le cadre de l'attraction et le tactile n'apporte rien, si ce n'est une autre façon de balancer ses coups. En revanche, la réalisation nous a surpris car de bien meilleure qualité sur cette version !
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